J’entends beaucoup trop souvent : – “c’est dur mais il y a pire” – “je n’en suis pas encore au point d’avoir besoin d’un.e psychologue” – ” je vais attendre encore un peu pour voir si ça devient vraiment difficile” – …
Cela me questionne. Que signifie “en être au point de”? Qu’est ce qui est pire qu’une souffrance que l’on vit? Selon qui? Quoi?
Un.e psychologue n’a pas de critères ou de jauge de la souffrance. Un.e psychologue reçoit son/sa patient.e avec sa souffrance telle qu’elle est et ne peut juger si elle est pire qu’une autre ou moins importante puisque toute souffrance est légitime.
Juger que telle ou telle situation est pire que la tienne n’est jamais juste. C’est selon ton point de vue, ta sensibilité, ton vécu, ta personnalité, tes limites. Chacun vit les choses différemment.
Le risque d’attendre est que cette souffrance s’installe. Quand c’est le cas, le psychisme met en place des mécanismes de défense qui permettent de “survivre”.Un peu comme pour “faire avec”. Mais ce n’est pas sans conséquences. Certains symptômes handicapants peuvent s’exprimer.
Le travail d’un.e psychologue est de faire lever ces mécanismes masqués par les symptômes pour accéder au coeur du problème et enfin le “traiter”. Au plus ces mécanismes sont rigides, au plus la thérapie prend du temps.
De la même façon, avec un enfant. Un fonctionnement familial s’installe, des habitudes, une routine… au plus cette routine est installée, au plus il faudra du temps pour la déconstruire.
Alors bien sûr, il faut être prêt.e. Se lancer dans une thérapie sans l’être ne sert à rien. Parfois même, on a l’impression d’être prêt.e puis lors des 1ers rdvs on réalise que non. C’est ok.
Parler de ses souffrances ou difficultés n’est pas se plaindre ou se victimiser. C’est faire preuve de courage. En parler à un.e psychologue, c’est vouloir les comprendre et travailler dessus et c’est tout à fait honorable.
S’investir dans une thérapie n’est pas aisé pour de multiples raisons. Mais s’il y a bien une raison qui n’est pas entendable, c’est celle de penser que ta souffrance n’est pas assez importante. Alors n’attends pas pour consulter.
