Cabinet Paramédical situé à Tassin-La-Demi-Lune (69)
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L’enfant et la sexualité – Partie 4

Conférence réalisée à Fleurieux sur l'Arbresle (69) le 20 septembre 2019

3 à 5 ans : le stade phallique et le complexe d'Oedipe

  • La différenciation sexuelle, l’exhibition et les jeux sexuels 

Vers l’âge de 3-4 ans, l’enfant commence à prendre plaisir à remarquer la différence entre lui et les autres comme la couleur des yeux, la particularité des cheveux, de la peau. Il se montre aussi curieux à l’égard de la nudité : il remarque les parties génitales des autres enfants, de ses parents ; il aura tendance à montrer les siennes et voudra voir et observer celles des autres. Il est toujours important de recadrer dans ce cas, de poser des limites entre son propre corps et celui des autres.

Des jeux à connotation sexuelle peuvent se mettre en place entre amis ou au sein de la fratrie comme une exploration mutuelle, des questions bien ciblées, une activité masturbatoire, etc. C’est aussi pendant cette période que les enfants expérimentent des jeux de rôles par curiosité et par imitation. On peut ainsi observer des enfants de cet âge jouer au papa et à la maman, au docteur, imiter une femme en mettant des vêtements sous un t-shirt pour faire gonfler la poitrine, etc .

L’enfant réalise en fait que les garçons ont un pénis et que les filles n’en ont pas. Ce fait peut entraîner ce qu’on appelle une angoisse de castration aussi bien chez les garçons que chez les filles : ainsi un petit garçon peut exprimer la crainte qu’on ne lui coupe le zizi et une petite fille peut penser qu’on lui a coupé. C’est un phénomène normal à cet âge, il se traduit par l’accès à la différenciation sexuelle. Elle sera facilement apaisée avec une explication simple de la différence entre les organes génitaux des filles et des garçons. Les schémas, les supports visuels sont des outils assez parlant pour les enfants alors n’hésitez pas à en utiliser pour répondre à leurs questions, peu importe le thème.

Le stade phallique peut amener sur le tapis cette grande question  qui fait souvent trembler les parents  : “Comment on fait les bébés?” . Les  enfants ont tendance à se construire des théories parfois complètement farfelues concernant des sujets qu’ils méconnaissent et sur lesquels ils se questionnent. Ils peuvent être très étonnants! En fait, rassurez-vous, vous n’êtes pas obligés de rentrer dans les détails, les enfants n’attendent pas de réponses ou d’explications très techniques. Utilisez des mots simples et surtout abordez le sujet seulement si vous êtes à l’aise . Si vous ne vous sentez pas à l’aise avec ça alors vous pouvez passer par la médiation avec les livres, certains sont très bien faits et  adaptés à l’âge de l’enfant (vous trouverez ici quelques références). A 3-4 ans, l’histoire de papa et maman qui s’aiment très fort, de la petite graine de papa qui est déposée dans le ventre de maman pendant un câlin et qui forme un bébé suffit. Ce n’est que vers 6-7 ans ou plus tard qu’il aura besoin de plus de détails.

  • Le complexe d’Oedipe

Entre 3 et 6 ans, il est possible que l’enfant cherche à exercer son pouvoir sur les autres, toujours dans une continuité d’affirmation de soi, en commençant par ses parents. Comme nous l’avons vu précédemment, il va manifester son désir de plaire, de rejeter, de s’opposer, de posséder et plus précisément son pouvoir de séduction sur le parent de sexe opposé et son pouvoir de rejet sur le parent de même sexe. Tout ceci dans le but de s’affirmer en tant que petit garçon ou petite fille. C’est dans cette phase que l’on peut entendre des phrases du genre “Papa c’est mon amoureux”, “Maman je veux me marier avec toi”, “Pas toi, je veux Maman”, “Pas toi, je veux Papa”. 

La phase oedipienne peut être difficile à vivre pour les parents mais il est important de ne pas prendre pour soi les élans d’amour et d’affection envers l’autre parent et le rejet. Votre enfant a besoin que vous autorisiez la complicité figure d’attachement maternelle/fils ou figure d’attachement paternelle/fille , en faisant bien attention à ne pas y laisser votre place. C’est ce qui lui permettra de sortir de l’Oedipe en s’identifiant à vous.

Ce stade prend fin naturellement vers l’âge de 6 ans, lorsque l’enfant commence à comprendre à prendre en compte les modèles de vie en société et a bien intégrer l’importance des règles et des interdits. Il comprend alors symboliquement qu’il est interdit de se marier avec un parent. Il va alors démontrer une grande ouverture aux autres et accorder de plus en plus d’importance à ses amitiés. Il s’identifie bien à ce que c’est d’être un garçon ou une fille. L’hostilité envers le parent rival se transforme en admiration et l’attirance envers le parent opposé en imitation.

  • L’activité masturbatoire

L’activité masturbatoire est un comportement d’auto-stimulation des parties génitales : elle peut prendre la forme de caresses directes de la zone génitale (enfant qui met la main dans la culotte, dans son pantalon), ou indirectes (frottement contre un objet, ou balancement sur les hanches sur une chaise, ou un coin de table..). Cette activité qui reprend ou qui continue depuis le tout jeune âge est tout à fait naturelle. Le jeune enfant, à la différence du bébé dans le stade oral, a recours à cette activité pour le plaisir et la découverte de sensations plaisantes, mais elle reste également un moyen de se réassurer, de combler l’ennui ou de s’endormir. Elle ne comporte ni vice caché, ni danger physique. Tous les enfants ne se masturbent pas et c’est normal aussi. Il n’y a pas lieu de s’inquiéter sauf si cette auto-stimulation devient compulsive.

  • Comment réagir? 

Même si ce comportement est naturel et normal, il est essentiel de fixer des limites. Il est important de transmettre à l’enfant que c’est une activité qui relève de l’intime, qu’elle se vit en privé et seul, au même titre qu’aller aux toilettes par exemple. Il faut être vigilant à ce qu’il ne comprenne pas qu’il ait besoin de se cacher car il aurait l’impression de faire quelque chose de mal. Il est important de ne pas le réprimander parce qu’il pourrait avoir une mauvaise image de son corps et du plaisir en général. Ne lui interdisez pas non plus, parce qu’il se sentirait coupable et pourrait associer plaisir et interdit et utiliser ce comportement pour provoquer et s’opposer.

L’activité masturbatoire n’est pas inquiétante sauf si elle est compulsive, c’est à dire qu’elle nuit à ses jeux à tel point que l’enfant s’isole dans cette unique activité. Elle est aussi inquiétante si l’enfant se masturbe au point de se blesser, de se faire mal. Cela peut être synonyme d’une anxiété généralisée, ça ne signifie pas forcément qu’il a subit quelque chose de l’ordre d’un attouchement ou d’un abus sexuel. Il est important d’aider l’enfant à sortir de cet isolement en lui proposant d’investir autre chose de plus constructif, qui suscite son intérêt. Trouver la source de son anxiété, avec l’aide d’un professionnel ou non, lui permettra de se détacher de cette activité auto-centrée.

A ce stade, l’enfant, curieux et avide d’apprendre, se questionne. Toutes ces questions, d’ordre sexuel ou d’ordre existentiel sont des questions qu’il se pose de manière naturelle. Cette curiosité ouvre la voie au désir d’apprendre, notamment aux apprentissages scolaires. Affirmé en tant que petit garçon ou petite fille, l’enfant va entrer tranquillement dans ce qu’on appelle la période de latence (attention, ça ne signifie pas que ça sera plus tranquille!). A l’aube de ses 6 ans, avec l’envie d’avoir un peu plus d’intimité, de tranquillité et de pudeur, sa curiosité sexuelle se transformera en curiosité intellectuelle.