Cabinet Paramédical situé à Tassin-La-Demi-Lune (69)
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Nous nous séparons. Comment en parler à notre enfant?

Se séparer. Divorcer. Il est bien difficile d’en arriver à cette étape. On la repousse souvent. On espère parfois. On en souffre toujours. 

Et quand, dans l’histoire, il y a des enfants, c’est encore plus délicat.

L’annonce d’une séparation parentale à des enfants, quel que soit leur âge, peut entraîner larmes, tristesse, peur, doute, incompréhension, colère … . Certains enfants peuvent aussi ne pas réagir à cette annonce. Cela ne signifie pas qu’ils ne ressentent rien, c’est qu’ils ont peut-être besoin de temps pour assimiler l’information et qu’ils s’exprimeront plus tard. Ce que ressentent les enfants ne se voit pas toujours. Ces réactions sont normales mais il est possible de limiter les conséquences négatives. 

  • En parler ensemble

Tout d’abord, il est important de parler ensemble à votre enfant. Il a besoin de vous entendre tous les deux sinon il pourrait penser que celui qui ne parle pas est celui qui est « coupable » , il pourrait lui en vouloir. Ou encore si l’un de ses parents est absent lors de cette annonce, il pourrait penser qu’il est déjà parti et qu’il ne le reverra pas. Cela pourrait être très angoissant pour lui. En amont, et si c’est possible pour vous, il peut être intéressant de réfléchir ensemble aux mots que vous allez utiliser afin d’éviter de vous contredire et de créer un conflit devant lui. N’oubliez pas que vous vous adressez à votre enfant et pas l’un à l’autre. Tentez au maximum de ne pas incriminer l’un ou l’autre dans votre discours. Ce sont des histoires entre adultes que votre enfant ne maîtrise pas et, quel que soit son âge (on a tendance à l’oublier avec les adolescents par exemple), un enfant n’a pas à vous départager ni à jouer un rôle d’arbitre.  Vous êtes les adultes et vous devez protéger votre enfant, il ne doit pas être pris en otage dans ce conflit qui ne le regarde pas. 

  • Le déculpabiliser 

Par essence, un enfant occupe une place centrale au sein de la famille et il est souvent persuadé qu’il est la cause de vos émotions ou de vos conflits ou au moins qu’il a une influence.  Il aura donc tendance à penser que si vous vous séparez c’est parce qu’il n’a pas été assez sage ou parce qu’il ne vous a pas rendu assez heureux. C’est d’autant plus exacerbé entre 4 et 6 ans, période dite du Complexe d’Oedipe : il pourrait penser qu’il est possible de vous faire changer d’avis ou qu’il a la responsabilité de vous réconcilier. Il est donc important de lui répéter qu’il n’y est pour rien dans cette séparation, que cette décision est une décision d’adulte et que les enfants ne peuvent rien y faire.

  • Le rassurer 

En comprenant que ses parents ne s’aiment plus, votre enfant pourrait avoir peur que vous ne l’aimiez plus lui non plus et que vous pourriez vous séparer de lui également. Cette peur est normale et logique. Mais pour le rassurer, vous pouvez lui expliquer qu’entre lui et vous il s’agit d’un amour inaltérable qui ne finit jamais et qui dure toute la vie. C’est un amour différent de celui entre deux amoureux et on ne se sépare pas, on ne divorce pas de ses enfants. 

  • Quel est le bon moment?

En terme de temporalité, il n’y a pas d’exactitude mais il est important de respecter l’âge de l’enfant pour une telle annonce. Pour les enfants en bas âge, l’annonce peut être faite quelques semaines avant la date effective de séparation ou du déménagement afin d’éviter une trop longue attente entre les deux qui pourrait être source d’angoisse. Pour les plus grands (à partir de 10 ans environ), pour qui la projection est plus facile, il est possible de leur dire un peu plus tôt. Ils auront déjà remarqué ou senti un changement, une différence et vous auront surement déjà posé des questions. Le fait de mettre des mots sur un non-dit apaise beaucoup. 

Quoi qu’il en soit, abordez le sujet quand vous vous sentez prêts et capables d’être un maximum neutre devant votre enfant. Il sera cependant inutile de nier ou cacher vos émotions, il les voit. Verbalisez -les, il comprendra que c’est important et apaisant de les exprimer et cela validera ce qu’il perçoit. Choisissez un moment où vous ne serez pas pressés par le temps et où vous aurez le temps de répondre aux questions éventuelles qui pourraient émerger par la suite.  Bien souvent, les questions d’un enfant seront orientées vers le côté pratique : « où est ce que vous allez vivre? » « comment on va faire pour mes jouets? »  « vais-je rester dans le même collège? je ne veux pas perdre mes amis » etc…

  • Que dire ?

Retenez que c’est important d’aller à l’essentiel.  Plus votre enfant est petit, moins il aura besoin de détails. Les plus grands vous poseront certainement plus de questions mais soyez attentifs à les préserver des détails de vos griefs. « Nous ne sommes plus heureux ensemble, nous ne nous entendons plus,  c’est pour cela que nous avons décidé de nous séparer et de vivre dans deux maisons différentes » résume bien le message à passer. Tout ce qu’ils devront retenir c’est qu’ils ont le droit de continuer à aimer leurs deux parents de la même façon, qu’ils n’auront pas à prendre partie et que personne ne leur demandera de le faire. 

  • Et après ? 

Lorsque la séparation sera effective, la question de la garde sera de mise. Garde alternée? Garde partagée? Ce sont les adultes qui décident. Pas les enfants. Leur avis est important, bien sûr. On peut leur demander leur préférence, ce qu’ils souhaiteraient, mais attention à ce que cette décision ne reposent pas sur leurs épaules et qu’ils ne ressentent pas une certaine pression d’un côté ou de l’autre. Judiciairement, l’opinion de l’enfant est prise en considération à partir de 8 ans mais n’est déterminante qu’à partir de 12 ans. Cette décision , d’ailleurs, est toujours très difficile à vivre pour un adolescent. 

Chaque parent est dans son droit de demander tel ou tel type de garde. Si vous n’êtes pas d’accord, ce sera au Juge aux Affaires Familiales de trancher, pas à votre enfant.

N’oubliez pas que, malgré votre séparation, votre couple parental, lui, existe toujours. Vous restez liés par votre enfant et il sera important pour lui que vous soyez soudés pour les décisions ou les échanges qui le concernent. 

Pour vous soutenir lors de cette épreuve difficile, vous pourrez toujours trouver de l’aide : une médiation familiale ou conjugale pour tenter de trouver un accord, un accompagnement psychologique pour vous ou votre enfant. La prise en charge psychologique d’un enfant qui subit une séparation parentale n’a pas pour but de définir qui est le meilleur parent et n’a pas d’incidence sur la décision concernant la garde. Elle a pour but de proposer à l’enfant un espace neutre dans lequel il pourra exprimer ses ressentis, ses craintes ou ses doutes sans risque de blesser l’adulte qui l’écoute.

Si vous vivez ce genre d’épreuve, j’espère que vous êtes entouré et soutenu. Je vous souhaite beaucoup de courage mais vous en avez déjà beaucoup d’avoir franchi cette étape et pris cette décision.