15 mois à 3 ans : le stade anal ou l'affirmation de soi
L’acquisition de la marche, le contrôle des sphincters permettent à l’enfant de découvrir de nouvelles sensations. Il découvre aussi qu’il peut avoir le contrôle sur lui-même et sur les autres. La phase anale est une étape essentielle qui permet à l’enfant de découvrir qui il est, d’exprimer ses désirs et ses besoins mais aussi ce qu’il ne veut pas. On entre alors dans la phase du “non”, souvent pénible pour les parents et pour l’entourage.
Lors de ce stade, la zone anale prend beaucoup d’importance pour l’enfant puisqu’elle est associée à une multitude de sensations et d’enjeux. L’enfant devient apte à contrôler ses sphincters et s’opère alors un grand changement dans sa vie : la suppression des couches. Il comprend alors qu’il est capable de contrôler, de décider, de faire plaisir ou non à ses parents. Il comprend qu’il peut exercer un certain pouvoir. S’ensuit alors la négociation… beaucoup de négociation…
Pour l’enfant, c’est l’étape de l’apprentissage de la maîtrise du corps , de ses désirs, de ses émotions, de sa relation avec ses parents. En effet, c’est une étape chargée d’apprentissages (marche, propreté, langage) dans laquelle les demandes des parents envers leur enfant sont de plus en plus précises et ce dernier comprend qu’il a le choix d’y répondre ou d’y résister.
Retenir les selles et les évacuer procure un plaisir et une satisfaction physiques car c’est une décharge physiologique. L’enfant ressent ce jeu de tension et de relâchement, d’autant plus exacerbé quand il observe l’effet que peut avoir celui-ci sur son entourage. En effet, l’enfant produit quelque chose qui vient de lui et qui engendre une réaction chez son parent : la fierté lorsqu’il va à la selle sur le pot, l’inquiétude quand il est constipé, le soulagement quand tout rentre dans l’ordre ou encore la colère lorsqu’il va à la selle dans un endroit inapproprié. Il peut alors jouir d’un sentiment de toute-puissance lorsqu’il réalise que ses actions ont un effet sur le comportement de ses parents.
- L’apprentissage de la propreté (2-4ans)
Vers l’âge de deux ans environ, l’enfant a suffisamment de maturité physiologique pour contrôler ses sphincters. Il peut alors progressivement et volontairement se laisser aller ou se retenir. Il développe alors sa maturité psycho-affective.
Le processus d’apprentissage de la propreté est bien enclenché lorsque l’enfant avertit que sa couche est sale puis lorsqu’il prévient qu’il a besoin d’aller aux toilettes. A ce moment, l’enfant peut accorder beaucoup d’importance au passage aux toilettes de son entourage, il peut se montrer curieux de ce qui tombe dans la cuvette, de ce qu’on y laisse et de ce qui disparaît quand on actionne la chasse d’eau. Les selles représentent quelque chose qui fait partie de lui. Dans certains, ce fait peut engendrer une angoisse pour l’enfant : il peut penser qu’il abandonne une partie de lui-même, une partie de son propre corps. Pour réussir à s’en déposséder, à faire la différence entre le dedans et le dehors, il arrive que certains enfants aient besoin de toucher, de manipuler ce qu’ils viennent d’expulser. D’autres aiment jouer à tout ce qui peut leur en mettre plein les mains : pâte à modeler, jeux de sable, boue, pâte à sel, … toutes les matières qui peuvent se substituer aux selles. D’ailleurs, j’utilise souvent la pâte à modeler comme médiation pendant la consultation lorsque je reçois un enfant constipé ou encoprésique afin qu’il puisse expérimenter la manipulation de cette matière.
Cette curiosité pour les fonctions d’élimination corporelle entraîne la curiosité pour les autres fonctions et organe du corps en général (formes, orifices, différences entre homme et femme, …). L’enfant aime être nu, observer le corps de ses parents et/ou frère et soeur, et aura tendance à vouloir y toucher. C’est là que peuvent commencer les jeux d’exploration sexuelle : le petit garçon peut tirer sur son pénis et la petite peut avoir tendance à chercher son orifice vaginal, ils peuvent se questionner et tenter de comprendre en observant et en regardant d’où vient le pipi, le caca, et même y mettre les doigts. Le degré d’exploration sexuelle est différent en fonction de la personnalité et du tempérament de l’enfant.
Lors de ce stade, on peut remarquer le développement corporel permettant à l’enfant d’élaborer au mieux son schéma corporel. Il est alors important d’utiliser les termes exacts pour désigner les parties du corps, incluant les parties génitales, pour mettre l’enfant à l’aise avec son corps : pénis, testicules, vulve, vagin. Pendant cette période, on pourra remarque le plaisir que l’enfant prend à utiliser des mots tels que “pipi“, “caca” “prout“, “cul” , “fesses“, etc … En effet, il est propre donc il est “grand”, il se sent “grand”, on le lui répète assez souvent donc il utilise des mots de “grands”, des mots interdits, toujours dans le but de tester la réaction de l’autre, de ses parents, face aux interdits. Il ne faudra donc pas y prêter plus d’attention que ça, puisque ce qu’il cherche c’est justement faire réagir. Il est important de lui rappeler le cadre en lui spécifiant que ces mots doivent être dits plutôt dans l’intimité de la chambre, la salle de bains ou les toilettes. C’est le moment aussi pour introduire la notion d’intimité dans ce contexte : on fait pipi ou caca à l’abri des regards, dans les toilettes ou sur le pot dans un coin approprié.
Le stade anal s’achève lorsque l’enfant commence à prendre conscience, psychologiquement, de son sexe. A partir de 18 mois, il est capable de se reconnaître dans un miroir. A partir de deux ans environ, il sait se reconnaître en tant que garçon ou fille en fonction de ses attributs externes. Dans le stade anal, on observe les prémisses de la conscience de soi, de manière sexuée, et cette conscience se développe tout au long de l’étape suivante : le stade phallique, la phase oedipienne.
